Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 9, 1839.djvu/265

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répandait alors ses horreurs autour d’eux, était calculée pour mettre leur armure morale à l’épreuve, et que de leurs triomphes et de leurs victoires naîtraient l’honneur et la puissance de l’Église. Vinrent ensuite des qualifications ambiguës qui laissaient à décider si le retour des puissances invisibles, qui avaient eu tant d’occupation dans les provinces, n’était pas le jugement annoncé. Il n’est pas à supposer que Meek lui-même comprît parfaitement toutes ces subtilités, car il y avait quelque méprise grossière dans la manière dont il traitait son sujet, comme on le verra par les mots qui terminèrent son discours.

— S’imaginer, dit-il, qu’Azazel contemple d’un œil satisfait les longues souffrances et la constance du peuple choisi, c’est croire que la moelle de la justice peut exister dans la corruption du mensonge. Nous avons déjà vu son esprit envieux et sa rage s’exercer dans plus d’une circonstance tragique. Si nos yeux ont besoin d’un témoignage qui nous annonce la présence de ce perfide ennemi, je dirai, en empruntant les paroles d’un homme savant et ingénieux à deviner ses ruses, que lorsqu’une personne ayant toute sa raison cherche en connaissance de cause et volontairement à obtenir du démon ou de quelque autre dieu qui n’est pas le vrai Dieu Jehovah, la science de faire ou de connaître des choses surnaturelles auxquelles elle ne peut parvenir par aucun moyen humain, elle peut alors se défier de ses dons et trembler pour son âme. Ô mes frères, combien d’entre vous en ce moment penchent vers ces illusions fatales et adorent les vanités du monde au lieu de se nourrir de la famine du désert[1], qui est la subsistance de ceux qui veulent vivre à jamais ? Levez vos yeux vers le ciel, mes frères…

— Tournez-les plutôt vers la terre, interrompit de l’intérieur de l’église une voix dont les accents étaient sonores et remplis d’autorité. Toutes vos facilités vont vous être nécessaires pour sauver votre vie, et même pour garder les tabernacles du Seigneur !

Les exercices religieux composaient les récréations des planteurs de cet établissement éloigné. Lorsqu’ils se réunissaient en société pour alléger le fardeau de la vie, la prière et des cantiques de louanges étaient les amusements les plus ordinaires de ces réunions. Pour eux un sermon était un spectacle dans une autre communauté plus mondaine, et personne n’écoutait la parole

  1. Il y a dans le texte famine ; il faudrait peut-être lire manne.