Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 9, 1839.djvu/267

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surpassait toute émotion humaine ; avant de marcher à l’ennemi, qu’une voix s’élève vers notre père qui est au ciel. Cette demande vaudra un millier d’hommes combattant en notre faveur !

Le désordre cessa aussi subitement que si l’ordre était descendu du lieu vers lequel s’adressent les prières. L’étranger lui-même, qui avait regardé ces préparatifs d’un œil sombre et avec anxiété, courba la tête et sembla se joindre à la prière avec un cœur pieux et confiant.

— Seigneur ! dit Meek en étendant ses bras maigres et posant ses mains ouvertes au-dessus de la tête de son troupeau spirituel, par ton ordre nous allons à l’ennemi. Avec ton secours, les portes de l’enfer ne prévaudront jamais contre nous ; avec ta miséricorde il y a de l’espoir dans le ciel et sur la terre. C’est pour ton tabernacle que nous répandons notre sang ; c’est pour ta parole que nous combattons : prends notre défense. Roi des rois ! envoie tes légions célestes à notre secours, afin que les chants de la victoire soient un encens sur tout autel et portent la consternation aux oreilles de l’ennemi. Amen.

Il y avait quelque chose de si profond dans la voix de l’orateur, un calme si surnaturel, et une telle confiance dans le secours de l’allié qu’il implorait, que ses paroles parvinrent jusqu’au cœur de chaque assistant. La nature était puissante chez ce peuple, mais l’enthousiasme l’élevait en ce moment au-dessus de son influence. Ainsi excités par un appel à des sentiments qui ne s’étaient jamais endormis, et stimulés par les intérêts les plus chers, les hommes de la vallée s’élancèrent hors du temple pour défendre leurs personnes, leurs demeures, et, suivant leur opinion, leur religion et leur Dieu.

Il y avait une nécessité pressante qui exigeait non seulement ce zèle, mais toute l’énergie physique des plus vigoureux planteurs. Le spectacle qui frappa leur vue lorsqu’ils sortirent du temple eut été capable de décourager des guerriers plus habiles, ou de paralyser les efforts d’hommes moins susceptibles d’exaltation religieuse.

Des figures noirâtres sautaient à travers les champs sur les flancs des montagnes ; et dans tous les sentiers qui conduisent à la vallée, on voyait des sauvages armés s’avançant témérairement et ne respirant que la destruction et la vengeance. Derrière eux le feu et le couteau laissaient déjà des traces, car les fermes construites de troncs d’arbres, les provisions de bois et les bâtiments