Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 9, 1839.djvu/270

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soient jetés dans les flammes, dans les profondeurs de la terre, afin qu’ils ne se relèvent plus. — Que le méchant tombe dans ses propres filets, tandis que moi j’échapperai de leurs mains… — Aussi mon père m’aime-t-il, parce que je sacrifie ma vie afin de la reprendre de nouveau. — Celui qui me hait, hait aussi mon père… — Mon père, pardonne-leur, parce qu’ils ne savent ce qu’ils font. — Ils ont entendu ce qui a été dit, on exigera œil pour œil, dent pour dent… — Car Josué ne baissa plus le bras avec lequel il soutenait la lance, jusqu’à ce qu’il eût entièrement détruit tous les habitants… — Jusque-là les paroles de Meek avaient été intelligibles pour ceux qui étaient restés ; mais la distance confondit bientôt les syllabes, et l’on n’entendit plus que les cris de l’ennemi, le pas rapide des hommes qui suivaient le prêtre avec une pompe militaire aussi formidable que leurs faibles moyens pouvaient le leur permettre, et les sons clairs et élevés du ministre qui résonnaient aux oreilles de ses soldats, et pénétraient leur cœur d’une ardeur guerrière, comme eussent pu le faire les sons de la trompette. Quelques minutes plus tard la petite bande fut cachée à la vue par les buissons des champs, et le bruit des armes à feu succéda à celui de leur marche.

Tandis que ce mouvement s’exécutait en avant, le corps qui avait reçu l’ordre de protéger le village ne resta pas oisif. Commandé par un robuste laboureur qui remplissait les fonctions de lieutenant, il avançait avec moins de parade religieuse, mais non moins d’activité, dans la direction du midi ; et l’on entendit bientôt un tumulte qui proclamait l’urgence du danger et la chaleur de l’action qui venait de s’engager.

Pendant ce temps, ceux qui étaient restés devant l’église montraient une activité égale, quoique tempérée par quelques circonstances importantes pour l’intérêt général. Aussitôt que la troupe de Meek fut parvenue à une distance assez grande pour inspirer de la sécurité, l’étranger ordonna que les enfants fussent conduits à la maison fortifiée. Ce devoir fut accompli par les mères tremblantes, auxquelles on avait persuadé avec assez de difficulté d’attendre jusqu’à ce que des têtes plus froides eussent choisi le moment du départ.

Quelques femmes s’étaient dispersées au milieu des bâtiments pour chercher les infirmes, tandis que tous les garçons d’un âge convenable étaient occupés à transporter des objets indispensables du village dans l’intérieur des palissades. Comme ces diffé-