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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 9, 1839.djvu/295

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sachem ; il est loin d’ici, dans les forêts du guerrier juste. Mes yeux sont trop faibles pour voir par-dessus tant de montagnes, à travers tant de rivières. Il chasse le daim sur des terres où il n’y a point de ronces ; il n’a pas besoin des yeux du jeune homme pour lui indiquer sur quel chemin la piste conduit. Pourquoi regarderais-je le lieu où le Pequot et les visages pâles ont pris la vie ? Le feu qui a dévoré cette montagne a noirci la place, et je ne puis plus y voir la trace du sang.

— Mon fils est sage ; son adresse est au-dessus de ses hivers ! Ce qui fut vengé une fois est oublié. Il ne voit pas plus loin que six lunes. Les guerriers des Yengeeses vinrent dans ces villes assassiner les vieilles femmes, tuer les filles des Narragansetts, et allumer le feu avec les os des hommes rouges. Je vais maintenant fermer mes oreilles, car les gémissements de ceux qui furent ainsi massacrés rendent mon âme malade.

— Wampanoag, répondit le jeune homme avec le regard ardent d’un aigle, et posant sa main sur sa poitrine, la nuit où la neige fut rougie du sang de mon peuple est ici ! et cependant mon esprit est obscurci. Aucun homme de ma race n’a regardé depuis la place où les huttes des Narragansetts étaient élevées, et cependant elle n’a jamais été cachée à notre vue. Depuis ce temps nous avons voyagé dans les bois, portant sur nos épaules tout ce qui nous avait été laissé, excepté notre chagrin, que nous portons dans notre cœur.

— Pourquoi mon frère est-il troublé ? Il y a bien des crânes parmi son peuple ; et regarde, son tomahawk est très-rouge ! Que sa colère s’apaise jusqu’à la nuit, et nous teindrons nos haches d’une couleur encore plus foncée. Je sais qu’il est pressé ; mais notre conseil dit qu’il vaut mieux attendre les ténèbres, car l’adresse des visages pâles est trop forte pour les mains de nos jeunes gens.

— Quand un Narragansett fut-il lent à s’élancer après que le cri fut proféré ? Quel est celui qui ne s’arrête pas lorsque les hommes à cheveux blancs disent : — C’est mieux ! j’aime votre conseil, il est plein de sagesse. Cependant un Indien n’est qu’un homme ! Peut-il combattre avec le dieu des Yengeeses ? il est trop faible. Un Indien n’est qu’un homme, quoique sa peau soit rouge.

— Je regarde dans les nuages, aux arbres et parmi les maisons, dit le plus âgé des chefs, affectant de regarder avec curio-