Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 9, 1839.djvu/348

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son roc est usé ! mais il est plus dur que la terre ; il ne peut pas dire par ces empreintes qui passa, et à quelle époque on passa.

— Voilà, en effet, l’image imparfaite du pied d’un homme, mais il est seul, et cette empreinte peut avoir été produite par le vent.

— Que mon père regarde de tous côtés, il verra qu’une tribu entière a passé ici.

— Cela peut être vrai, quoique ma vue ne puisse découvrir ce que tu me montres ; mais si une tribu a passé, continuons notre chemin.

Conanchet secoua la tête, et avança les doigts de ses deux mains de manière à former un cercle.

— Écoute, dit-il en reculant, tandis qu’il répondait par un geste significatif ; un moccasin arrive !

Soumission, qui avait si souvent et si récemment porté les armes contre les sauvages, chercha involontairement la platine de sa carabine. Son mouvement et son regard étaient menaçants, quoique son œil ne pût distinguer aucun objet capable d’exciter ses alarmes.

Il n’en était pas ainsi de Conanchet ; ses yeux, plus vifs et plus exercés, distinguèrent bientôt l’approche d’un guerrier caché accidentellement par les troncs d’arbre ; le bruit des feuilles avait trahi sa marche.

Croisant ses bras sur sa poitrine nue, le chef narragansett attendit l’arrivée de l’Indien dans une attitude pleine de calme et de dignité. Il ne prononça pas une parole et ne changea pas d’expression jusqu’au moment où le nouvel arrivant posa une main sur son bras, et dit avec respect et amitié :

— Le jeune sachem est venu chercher son frère.

— Wampanoag, j’ai suivi la trace afin que vos oreilles puissent écouter les paroles d’un visage pâle.

Cet Indien était Metacom lui-même ; il arrêta un regard fier et hautain sur le vieillard, et, reprenant bientôt sa tranquillité, il se tourna vers le jeune sachem, et lui dit :

— Conanchet a-t-il compté ses jeunes gens depuis qu’ils ont fait entendre le cri de guerre ? J’en ai vu beaucoup se rendre sur le champ de bataille qui ne sont jamais revenus. Que l’homme blanc meure !

Ces paroles furent prononcées dans le langage des aborigènes.

— Wampanoag, répondit Conanchet, il est conduit par le