Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 9, 1839.djvu/349

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wampum d’un sachem. Je n’ai point encore compté mes jeunes gens ; mais je sais qu’ils sont assez forts pour dire que ce que leur chef a promis sera exécuté.

— Si le Yengeese est un ami de mon frère, il est le bien-venu. Le Wigwam de Metacom est ouvert ; qu’il entre.

Philippe fit signe de le suivre, et montra le chemin de sa demeure. Le lieu qu’il avait choisi pour un camp temporaire était convenable à ses desseins : il y avait un buisson épais sur l’un des côtés, et les derrières étaient abrités et protégés par un roc escarpé ; un large ruisseau dont l’eau se précipitait sur des fragments de rochers que le temps avait abattus, défendait l’entrée du camp, et, vers le soleil couchant, les tempêtes avaient ouvert une clairière à travers la forêt. Quelques huttes de broussailles étaient appuyées contre la base de la montagne et servaient d’abri aux sauvages. La troupe entière ne se composait pas de plus de vingt personnes ; car, comme nous l’avons déjà dit, les Wampanoags n’avaient paru que comme auxiliaires dans la batailles avait eu lieu.

Metacom et ses hôtes s’assirent sur un quartier de rocher dont la base était baignée par le rapide courant ; quelques Indiens, à l’œil sombre et farouche, surveillaient cette conférences quelques pas en arrière.

— Mon frère a suivi ma trace afin que mes oreilles puissent écouter les paroles d’un Yengeese, dit Philippe après avoir laissé écouler assez de temps pour ne point être taxé de curiosité ; qu’il parle.

— Je suis venu seul dans la gueule du lion, chef de sauvages, turbulent et endurci, répondit le téméraire exilé, afin que vous puissiez entendre des paroles de paix. Pourquoi le fils s’est-il conduit avec les Anglais d’une manière si différente de son père ? Massassoit[1] était l’ami des pèlerins persécutés qui ont cherché le repos et un refuge dans ce Béthel des fidèles, mais tu as endurci ton cœur à leurs prières, et tu cherches le sang de ceux qui ne t’ont fait aucun tort. Sans doute tu es d’une nature fière et vaine comme tous ceux de ta race, et tu as cru utile à la gloire de ton nom et de ta nation de combattre des hommes d’une autre origine ; mais apprends qu’il y a un Être qui est maître de tout sur la terre ; et c’est le roi du ciel ! C’est sa volonté que le doux

  1. Massassoit était le père de Metacom ou Philip, ainsi que le nommaient les blancs, son dévouement pour les Anglais égalait la haine que leur portait son fils.