Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 9, 1839.djvu/74

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avons plutôt lieu de nous réjouir que de craindre. Ils ont l’air de messagers de la Rivière.

Mark Heathcote écoutait avec surprise, et peut-être avec un peu d’inquiétude ; mais toute son émotion s’évanouit à l’instant : car, possédant le plus grand empire sur lui-même, il permettait rarement que ses pensées secrètes se montrassent sur son visage. Le Puritain donna tranquillement l’ordre de reconduire le captif dans la forteresse, indiquant la plus haute des deux principales chambres pour sa prison ; puis il se prépara à recevoir des hôtes qu’on était peu habitué à voir troubler le calme de la vallée solitaire. Il implorait encore l’assistance du ciel, lorsque la cour retentit du bruit des pas des chevaux, et qu’il fut appelé à la porte pour recevoir les inconnus.

— Nous avons atteint Wish-ton-Wish et l’habitation du capitaine Mark Heathcote, dit un des hommes qui, par son air et ses habits plus soignés, paraissait être le principal personnage parmi les quatre qui formaient la troupe des nouveaux arrivants.

— Par la faveur de la Providence, je suis l’indigne propriétaire de ce lieu de refuge, dit le vieillard.

— Alors un sujet si loyal et un homme qui s’est montré depuis si longtemps fidèle dans le désert, ne fermera pas sa porte aux agents de son maître l’oint du Seigneur.

— Il y en a un, plus élevé encore que tous ceux de la terre, qui nous enseigne à ne point refuser l’hospitalité. Descendez de cheval, je vous prie, et venez partager ce que nous pourrons vous offrir.

Après cette invitation polie, mais froide, les cavaliers mirent pied à terre, et, abandonnant leurs chevaux aux valets de ferme, ils entrèrent dans l’habitation.

Tandis que les servantes de Ruth préparaient un repas convenable à l’heure et à la qualité des hôtes, Mark et son fils eurent le temps nécessaire d’examiner les étrangers. C’étaient des hommes qui semblaient, par l’expression de leur visage, être tout à fait en harmonie avec le caractère de nos Puritains ; car leur maintien était si grave et si sévère qu’on pouvait soupçonner qu’ils appartenaient à cette classe de chrétiens nouvellement convertis aux coutumes rigides de la colonie. Malgré leur gravité extraordinaire, et contrairement aux usages du pays, ils portaient sur leurs personnes les modes d’un autre hémisphère. Les pistolets attachés aux arçons de leur selle, et autres accoutrements