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Page:Copeau - Impromptu du Vieux-Colombier, 1917.djvu/26

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Copeau

Vous verrez bien, monsieur, ce que nous ferons, et tout ce que je pourrais vous dire…

L’Amateur

Permettez, permettez. — Les réalisations sont sans doute quelque chose mais, en somme, ne diffèrent que peu les unes des autres. Pour moi, c’est aux principes que je m’intéresse surtout. C’est là que je discerne l’originalité d’un homme et j’ai, je vous l’avoue, un goût particulier pour les théories. Vous êtes à ce qu’on m’a dit un philosophe du théâtre.

Copeau (riant)

Oh ! Oh ! Oh !

L’Amateur

D’autres disent un apôtre.

Copeau

Je suis tout simplement un homme qui fait son métier du mieux qu’il peut, l’apprenant chaque jour, chaque jour découvrant quelque chose qu’il ignorait la veille. Je laisse à d’autres le soin de qualifier le “temple de l’art” notre Vieux-Colombier. Et je vous prie de croire que notre modestie n’est point feinte quand nous déclarons simplement que nous voulons faire de notre maison une maison propre, digne du respect du public et de l’amitié des poètes. Et c’est, je crois, ce que nous en avons fait, mes camarades et moi.

L’Amateur

Or donc, vous vous flattez d’atteindre le succès en demeurant ce que vous êtes, et sans la moindre concession aux exigences vulgaires du public ?

Copeau

Je n’ai jamais vu pour ma part que le public eût des exigences vulgaires. Mais j’ai observé qu’il témoignait sa reconnaissance à ceux qui lui marquent du respect.

L’Amateur

Encore un mot, monsieur. Faut-il croire ce qu’on dit de vos intentions de ne jouer ici que le grand répertoire,