Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t1, 1885.djvu/323

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Mais sans espoir pourtant, avec cet air douteux
De femme dédaignée et de pauvre honteux.
Si vous vous arrêtez, il s’arrête, et, timide,
Agite faiblement sa queue au poil humide.
Sachant bien que son sort en vous est débattu,
Il semble dire : – Allons, emmène-moi, veux-tu ?
On est ému, pourtant on manque de courage ;
On est pauvre soi-même, on a peur de la rage,
Enfin, mauvais, on fait la mine de lever
Sa canne, on dit au chien : « Veux-tu bien te sauver ! »
Et, tout penaud, il va faire son offre à d’autres.

La sinistre rencontre ! et quels temps sont les nôtres
Et quel mal nous ont fait ces féroces Prussiens,
Que les plus pauvres gens abandonnent leurs chiens
Et que, distrait du deuil public, il faille encore
Plaindre ces animaux dont le regard implore !


Octobre 1870.