Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t2, 1892.djvu/136

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Qui pose, pour le voir, son cou sur la clôture.
Comme autrefois, le poids de la vieille voiture
Fait, en passant dessus, trembler le pont de bois.
La chute du moulin bruit comme autrefois.
Il reçoit le salut des curés en soutanes,
Menant leur carriole au trot sous les platanes.
Et dans les halliers verts, comme lui rajeunis,
Les oiseaux dont jadis il dénichait les nids
Chantent la bienvenue à leur vieux camarade.

— Non, le marin de qui le navire entre en rade
Et qui voit les maisons du port blanchir là-bas,
N’a pas d’émotion plus poignante, n’a pas
Le regard plus joyeux, l’âme plus consolée
Qu’Olivier, lorsqu’il vit, au bout de la vallée,
Entre les deux parois de l’étroit débouché,
La place du village, un beau jour de marché.

C’est bien cela. Voici les rouges parapluies
Qui paraissent de loin des fleurs épanouies,
Voici les chapeaux ronds, voici les blancs bonnets,
Et dans le ciel léger le vol des martinets
Sur la tour de l’église en ruine et fleurie.
Gare ! les vieux chevaux ont senti l’écurie ;
Les boucles des harnais sautent sur le garrot,