Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t2, 1892.djvu/156

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Pour t’empêcher d’atteindre au pays de ton rêve ?

… Les raisins étaient mûrs déjà sur le coteau,
Et les feuilles tombaient dans le parc du château.
Par une après-midi pacifique et sereine,
Comme le mois d’octobre en a pour la Touraine,
Ils avaient décidé de monter à cheval.
L’automne déployait son beau ciel triomphal
Et son dernier soleil aux chaleurs mensongères.
De grands vols tournoyants d’hirondelles légères
Pour le prochain départ s’assemblaient dans l’azur ;
Et les feuillages d’or montaient parmi l’air pur
Balancés par le vent aux haleines moins douces.

Qu’il fait bon de courir dans les bruyères rousses
Au trot de chasse, avec du vent dans les cheveux,
De sentir son cheval frapper, d’un pied nerveux,
L’élastique terrain sous les hautes futaies,
De sauter les fossés et de franchir les haies,
Et puis, après un long galop aventureux,
De revenir, au pas, par quelque sentier creux,
Laissant flotter la bride et respirer sa bête,
Qui souffle bruyamment en secouant la tête,
Tandis qu’en lui flattant le col avec la main,
On laisse ses regards errer sur le chemin !