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Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t2, 1892.djvu/157

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Ce plaisir, Olivier l’avait plus que personne.
Car, près de lui, Suzanne, en sa noire amazone,
Ses cheveux blonds massés sous un feutre élégant,
Maintenait par la ferme étreinte de son gant,
Au trot doux et berceur, sa jument alezane.
— Loin, derrière eux, suivait le père de Suzanne.
Ils allaient donc, tout seuls, effarant les oiseaux ;
Et leurs bêtes parfois, rapprochant leurs naseaux,
Semblaient se confier des choses à l’oreille.
Ils s’enfonçaient ainsi dans la forêt vermeille
Que le soleil au loin zébrait de bandes d’or,
Dévorant au galop la route ; ou bien encor,
Leurs montures ayant de l’herbe jusqu’au ventre,
Ils fouillaient les taillis d’où partent, quand on entre,
Vifs et la queue en l’air, les lapins gris et blancs.
Leurs chevaux écrasaient les faînes et les glands
Et les grands champignons dans les feuilles tombées.
Il leur fallait souvent passer, têtes courbées,
Sous un rameau trop bas qui voulait, familier,
Décoiffer l’amazone ou bien le cavalier ;
Puis, quand était franchi ce pas très difficile,
Ils riaient, éveillant un vieil écho docile
Qui riait, à son tour, sous les chênes, là-bas.