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Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t2, 1892.djvu/159

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Car il crut devant lui revoir cette autre femme,
Cette duchesse auprès de laquelle autrefois
Il avait chevauché de même, par les bois,
Juste en cette saison où naît le chrysanthème.
Le geste était pareil, la voix était la même ;
Le soleil se couchait comme en ce moment-ci.
L’autre amazone avait voulu cueillir aussi
Une tardive fleur sur un églantier rose.
Sur sa selle elle avait pris cette même pose
Pour tendre sa badine, et, d’un ton cavalier,
Dit ces mots :
                        « Tenez-moi ma cravache, Olivier. »

Oh ! qui dira combien est prompte la pensée ?
Dans la minute où fut la phrase prononcée
Et le mouvement fait, dans ce rapide éclair,
Olivier revécut quatre longs mois d’hiver,
Les premiers rendez-vous, l’orgueil de la conquête,
Puis le tourment d’aimer une froide coquette
Qui traite son amant comme on traite un laquais,
Froisse les billets doux et jette les bouquets,
Et tour à tour prodigue à l’homme qu’elle enlace
Le baiser qui le brûle et le mot qui le glace.
Il revit à la fois, mais dans un jour très net,