Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t2, 1892.djvu/158

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XI

Vers le tomber du jour, ils revenaient au pas.
Devant eux, encadré par le berceau des branches,
Un somptueux soleil couchant, plein d’avalanches
De rubis, s’écroulait sur des montagnes d’or.
Ils se taisaient, devant ce sublime décor
Où le regard se perd et le rêve se noie,
Quand Suzanne poussa soudain un cri de joie.
Elle avait aperçu, sur le bord du sentier,
Là, tout près de sa main, un buisson d’églantier
Qui, dupe d’un automne aux si belles journées,
Se couvrait de nouveau de ses fleurs étonnées.
Ravie, elle poussa son cheval vers les fleurs
Dont le couchant vermeil avivait les couleurs,
Et voulut les cueillir, en restant sur sa selle.

« Olivier, tenez-moi ma cravache, » dit-elle,
Et d’un geste rapide elle la lui tendit.

Quand ce geste fut fait et que ce mot fut dit,
Olivier frissonna jusqu’au fond de son âme ;