Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t2, 1892.djvu/167

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Et lui voulait de loin donner un souvenir,
Dans l’exil d’Olivier avait fait parvenir
Un présent, justement arrivé de la veille.
Le coffre égyptien, délicate merveille,
Exhalant doucement son parfum de sérail,
Laissait voir des sequins, des perles, du corail,
Grand ouvert sur la table ; et l’ivresse physique
Que lui donnaient l’odeur exquise et la musique,
Et l’éclat d’or joyeux des bijoux d’Orient,
Enchantaient le poète heureux et souriant.
Il faisait ruisseler aux lueurs des bougies
Les perles, regardait les vieilles effigies,
Maniait un collier, essayait un anneau,
Lorsqu’en apercevant Suzanne au piano,
Dans l’ombre qu’éclairait sa blonde chevelure,
Olivier lui voulut donner cette parure.

Il vint près du vieillard.
                                   « C’est bien peu m’acquitter ;
Mais Suzanne pourtant devrait bien accepter
Ces choses du Levant, ou du moins quelques-unes.
Ces bagatelles-ci sont faites pour les brunes ;
Mais tout lui sied si bien ! Laissez-moi le plaisir
De la voir essayer elle-même et choisir. »