Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t2, 1892.djvu/178

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Tu pourras t’absorber un instant dans l’émoi
De voir un monceau d’or s’élever devant toi ;
Sur la table en désordre où coulent les bougies,
Tu pourras, t’accoudant à la fin des orgies,
Noyer dans les vins noirs tes souvenirs amers ;
Tu pourras les bercer au roulis des steamers,
Et vers les cieux nouveaux où ton rêve s’égare
Les dissiper avec la vapeur d’un cigare.
Mille chemins divers s’ouvrent devant tes pas.
Va, misérable fou ! pars ! mais n’espère pas
Que le remords te quitte, et que jamais s’efface
— Quel que soit le destin que l’avenir te fasse,
Et jusqu’au dernier jour de ton voyage humain ―
Cette larme d’enfant qui tomba sur ta main !


XVI

 
Il partit, les yeux secs, mais plein de rage sourde.
Aux vitres du coupé, la pluie épaisse et lourde
Faisait, en se brisant, couler de longs ruisseaux.
Les arbres noirs montaient dans le ciel sans oiseaux,
Et le feuillage mort pourrissait dans les boues.
La diligence, avec un bruit grinçant de roues,
Traversait, ruisselante et d’un trot cadencé,