Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t2, 1892.djvu/179

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Ce pays que naguère il avait traversé,
En mai, quand le printemps splendide se déploie.
Mais Olivier sentait comme une sombre joie
Que l’automne lui fît cet horrible retour.
Prométhée en raillant excite le vautour,
Lear appelle le vent qui tourmente sa tête,
Et les désespérés demandent la tempête !

Aussi quel éclair brille en ses regards flétris,
Quand il entend crier enfin ce mot : Paris !
Par la sonorité de la salle d’attente !
Comme il s’installe, avec une fureur contente
Et des gestes nerveux, dans le wagon souillé,
Infectant le cigare et le vieux drap mouillé.
— En route ! siffle donc, sombre locomotive !
Ébranle-toi, train noir ! et toi, chauffeur, active
Le foyer rouge avec le charbon du tender ;
Car le bruit furieux du lourd galop de fer
Et les cris déchirants de la machine en flamme
Peuvent seuls dominer l’orage de cette âme.
A Paris ! à Paris ! Vole, monstre trop lent !
Dans la nuit des tunnels disparais en hurlant.
Qu’importe que le vent gémisse et que l’eau pleuve ?
Va, cours ! et, pour franchir le vallon ou le fleuve,
Fais des ponts de métal frémir le tablier !