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Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t2, 1892.djvu/201

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Il reçoit, au milieu des colonnes trapues
De son palais couvert d’hiéroglyphes peints,
L’hommage des guerriers et des prêtres thébains.
Sur les trépieds d’airain fument les aromates ;
Et, prosterné, le chef des hiérogrammates
Lui prédit les grandeurs de son règne futur :
« Salut, roi de Kémit ! pharaon trois fois pur,
En qui sont la santé, la vigueur et la vie !
Parle. Ta volonté sainte sera servie.
C’est pour toi que les trois gardiens, Fré, Knef et Fta,
Rendent le Nil fécond de la source au delta,
Et pour toi que les sphinx et les cynocéphales
Lancent vers le soleil leurs clameurs triomphales.
Ordonne, pharaon sublime ! Que veux-tu ?
La récolte est à toi jusqu’au moindre fétu :
Dicte un ordre, et ce peuple immense, tu l’affames.
A toi l’Égypte ! A toi les hommes et les femmes,
Et les produits du sol, et tous les animaux !
Veux-tu la gloire ? Eh bien ! roi puissant, dis deux mots,
Et nous rassemblerons ta flotte et tes armées :
Les nations seront par ton bras décimées,
Et tu feras courir leurs plus fameux guerriers,
Captifs près de ton char, comme des lévriers ;
Et tu reculeras au loin ton territoire
Et graveras partout ta stèle de victoire.