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Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t2, 1892.djvu/202

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Parle ! Dédaignes-tu la guerre et ses hasards ?
Ton cœur est-il épris des plaisirs et des arts ?
O maître, fais-nous donc savoir ta fantaisie,
Et parmi les parfums cent esclaves d’Asie,
Radieuses ainsi que l’aurore en été
Et parant de bijoux leur brune nudité,
Au son des tambourins et des doubles crotales
T’enivreront de leurs danses orientales !
Ton caprice veut-il construire un monument
Où dure ta mémoire impérissablement
Et près de qui seront trop petits et timides
Le Lac, le Labyrinthe et les trois Pyramides ?
Rêve aussi colossal que tu pourras rêver,
Fils des dieux ! et, pour toi, nous ferons soulever
Des milliers de blocs lourds par des millions d’hommes.
0 pharaon ! tout est à toi dans les vingt nomes,
Le soldat casqué d’or, le prêtre circoncis,
Le scribe, l’artisan à son travail assis,
Ceux de tous les métiers et de toutes les castes,
Et jamais tes désirs ne seront assez vastes.
Parle, ordonne, commande ! et nous obéirons. »

Il dit ; et tous sont là, muets, courbant leurs fronts.
Mais, se sentant le cœur plein d’un dégoût immense