Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t2, 1892.djvu/245

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

De te faire écouter la vérité sévère.
Commandeur des croyants, on t’aime, on te révère ;
Et, si tu vois ici tout ce peuple irrité,
C’est que dans la mollesse et dans la volupté
On prétend que tu vis, esclave d’une femme.
Hautesse, prouve-nous que ce bruit te diffame.
Monte à cheval, reprends le belliqueux harnais,
Montre à tes vieux faucons le Grec ou l’Albanais ;
Ils le l’apporteront, expirant, dans leurs serres !
Et je te parle ici pour tous tes janissaires,
Aussi vrai que je suis musulman et hadji !

— Ce pavé de ton sang serait déjà rougi
Si tu n’avais au front ta belle cicatrice,
Cria Mahomet deux. Donc on croit qu’un caprice
Aurait un tel pouvoir sur le fils d’Amurat !
Tu penses qu’un baiser de femme, peuple ingrat,
A fait fondre l’orgueil de ce cœur intrépide !
Vous avez pu le croire aussi, troupe stupide !
Vous avez cru, soldats vantards et querelleurs,
Qu’on domptait le lion avec un frein de fleurs !
Eh bien ! vous allez voir la marque de sa griffe.
Vous osez m’accuser, moi, sultan, moi, khalife,
Moi, la forme terrestre et visible d’Allah !
Fils (}e chiens, ma réponse est prête… La voilà !