Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t2, 1892.djvu/255

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Certes, on l’a reçu d’une façon civile ;
Mais il demande trop, même aux meilleurs chrétiens,
Pour ses enfants trouvés et ses galériens ;
Et plus d’un poliment déjà s’en débarrasse.
Tout l’argent de la reine est pour le Val-de-Grâce,
Et Mazarin, si fort pour dire : « Je promets »,
Devient, en vieillissant, plus ladre que jamais.
C’est donc un mauvais jour ; mais enfin le pauvre homme
Revient en se disant qu’il va faire un bon somme.
Il se hâte, parmi la bruine et le vent,
Lorsque, arrivé devant la porte du couvent,
Il aperçoit par terre et couché dans la boue
Un garçon d’environ dix ans ; il le secoue,
L’interroge ; l’enfant depuis l’aube est à jeun,
N’a ni père ni mère, est sans asile aucun,
Et répond au vieillard d’une voix basse et dure.

« Viens ! » dit Vincent, mettant la clef dans la serrure.

Et prenant dans ses bras l’enfant qui le salit,
Il monte à sa cellule et le couche en son lit ;
Puis, songeant qu’à minuit, en janvier, le froid pince
Et que sa courtepointe est peut-être bien mince,
Il ôte son manteau tout froid du vent du nord
Et l’étend sur les pieds du petit qui s’endort.