Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t2, 1892.djvu/260

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De lever le bâton sur son chien favori.
Le despote imbécile et méchant jette un cri,
Montre à ses cipahis l’imprudent qui l’offense ;
Et, sans avoir pu dire un mot pour sa défense,
Le malheureux est pris, entraîné, garotté ;
Puis l’odieux rajah, dont la férocité
S’exerçait tous les jours en cruautés pareilles,
Fit couper à Sangor le nez et les oreilles.

Le paria guérit ; mais, effroyable à voir,
Il fut pris d’un navrant et profond désespoir.
Il jura de ne plus montrer à son amie
Sa face, horrible objet de honte et d’infamie ;
A Bénarès sans lui la barque retourna.
Et depuis lors, au seuil d’un temple de Krichna,
Où des fakirs, pareils aux singes dans les djongles,
Dansaient en déchirant leur chair avec leurs ongles,
Un être affreux, n’ayant presque plus rien d’humain,
Faisait peur aux passants en leur tendant la main.

Djola, quand elle apprit la terrible nouvelle,
Eut le cœur déchiré d’une douleur mortelle.
D’abord, sans plus tarder, elle voulut partir
Et porter son amour au pauvre et cher martyr.
Mais bientôt devinant, s’exagérant peut-être,