Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t2, 1892.djvu/384

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On passerait d’abord dans le petit salon ;
Puis, tandis que la bonne apporte le melon
Et que le père prend le panier à bouteilles,
On courrait, du côté du fruitier et des treilles,
Emportant à deux mains des assiettes à fleurs,
Avec sa fiancée et les petites sœurs
Qui vous lancent parfois une phrase maligne,
Cueillir de beaux fruits mûrs et des feuilles de vigne…

Et ce serait facile à faire, tout cela !
Peut-être eût-il suffi de quitter le train là ?

— Mais non. En concevant cette bourgeoise idylle,
J’en ai pris le meilleur ; le reste est inutile.
Aurais-je dû descendre à cette station ?
Non. Le désir vaut mieux que la possession,
Et je suis aujourd’hui bien fou, quand je regrette
Ce rêve qui s’éteint avec ma cigarette.