Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t3, 1888.djvu/20

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Pauvre enfant ! il n’a plus sa mère ni son père…
Mais sa bonne-maman l’élèvera, j’espère.
Maintenant, il n’a plus que moi, cher innocent !
Il a coûté la vie à ma fille en naissant…
Et voilà des malheurs qu’on ne peut pas comprendre…
Des orphelins d’un jour !… Quant à mon pauvre gendre,
Il était étameur de glaces ; et les gens,
Dans ce vilain métier, ne durent pas dix ans,
S’ils n’ont pas les poumons comme un soufflet de forge…
À cause du mercure…

À cause du mercure…  — Allons ! un sucre d’orge, » —
Dis-je à l’enfant, qui vint pour me remercier,
Prit mes sous et courut, joyeux, chez l’épicier.
Et, quand je fus resté seul avec la marchande :

— « L’enfant se porte bien ?

— « L’enfant se porte bien ?  — J’attendais la demande,
Monsieur, — répondit-elle avec un gros soupir. —
C’est le chagrin que j’ai tous les jours à subir.
Non ! il ne va pas bien… que je suis malheureuse !
Avec ses yeux cernés et sa figure creuse,
C’est tout son père… Il souffre, hélas ! le cher petit !
Il tousse, il dort à peine, il n’a pas d’appétit.