Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t4, 1909.djvu/15

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Rêvait la « Sociale » et le chambardement,
Sa Zoé lui disait gaîment, un peu bourrue :
« Faudra toujours quelqu’un pour balayer la rue ;
Et ce ne sera pas Rothschild, va, sois-en sûr ! »
Et lui, calmé, frottant une allumette au mur,
Répondait en riant :
                                    « Ça, c’est vrai, la bourgeoise. »

Mais, lorsqu’il vécut seul et qu’il eut son ardoise
Au cabaret, le veuf s’aigrit. C’était fatal.
Le voilà maudissant l’infâme capital
Et contre les patrons répandant l’invective.
Oui ! pendant qu’il trimait sur sa locomotive,
Ils ronflaient, les gavés, dans des coupés bien chauds ;
Et cætera… Parlant dans un club d’anarchos,
Il s’y fit applaudir et devint populaire
Par ses discours chauffés d’ivresse et de colère.
Enfin, sur un placard insurrectionnel
Il mit son nom.
                             Un gros bonnet du « personnel »
Le manda sur-le-champ, ― un vieux casse-noisette,