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Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t4, 1909.djvu/266

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Sur mon grand tabouret, pour être à la hauteur
Du pupitre, j’avais un Boiste en deux volumes ;
Devant moi, sur la table, un encrier, des plumes,
Plus un bristol orné d’un beau feston doré
Et fleuri d’un petit bouquet peinturluré.
Devant ce grand travail, que j’étais mal à l'aise !
Fallait-il adopter la bâtarde ou l'anglaise ?
Que faire ? Je mouillais ma plume avec effroi
Je songeais au tableau du passage Jouffroy,
Où monsieur Favarger mit trois ans de sa vie,
Chef-d’œuvre et dernier mot de la calligraphie,
Qui montre aux gens, par un tel art humiliés,
Le « Lion d’Androclès » en « pleins » et « déliés » ;
Et, le dos rond, roulant les yeux, tirant la langue,
Je transcrivais alors ma petite harangue.

Pas mal le « Chers parents, à qui je dois le jour ».
Mais, lorsque j’arrivais au « cœur rempli d’amour ».
Comment écrire « cœur » ? « Cœur », un mot difficile !...
Je m’agitais et, comme un petit imbécile,
Je me mettais, avec des gestes consternés,
De l’encre au bout des doigts, de l’encre au bout du nez.
Alors, j’étais perdu. Les fautes d’orthographe
Pleuvaient. Je signais mal et ratais mon paraphe.
Et sur mes beaux souhaits de joie et de santé,