Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t4, 1909.djvu/48

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Et, comme un fleuve ayant des diamants pour ondes,
Laissait couler à flots sa poussière de mondes.

J’avais fait deux cents pas encor dans le faubourg,
Quand jusqu’à moi parvint, d’abord confus et sourd,
Mais bientôt plus distinct, un suave cantique.
Une petite église ouvrait là son portique.
On y chantait le mois de Marie ; et, ce chœur
De fraîches voix d’enfants m’attendrissant le cœur,
Dans la profonde paix de cette nuit si belle,
Pieux pour un instant, j’entrai dans la chapelle.

Tout m’y charma : l’encens au parfum vague et pur,
La fuite des piliers dans l’édifice obscur
Où brillait seul l’autel tout radieux de cierges,
L’orgue, dans l’unisson des enfants et des vierges,
Laissant rêveusement son soupir se noyer ;
Tout, jusqu’à la fraîcheur de l’eau du bénitier,
Où je trempai l’index par ancienne habitude.

Oui, mais je trouvais là presque la solitude.
Je vis, en m’avançant sur un des bas-côtés,
L’église aux trois quarts vide et ses bancs désertés,
Des figures cherchant l’ombre, à peine vivantes,
Quelques femmes en deuil, de rustiques servantes,