Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t4, 1909.djvu/47

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Tombait dans la bêtise et dans l’extravagance.
Son rêve était inepte et vague encore plus.
A peine ai-je gardé le souvenir confus
D’un phalanstère énorme et que l’ennui consterne,
Presque un pénitencier et presque une caserne,
Où votaient constamment les citoyens égaux.
Comme en prison, chacun sa part de haricots ;
Toute la nation mangeait à la gamelle.
Le mâle choisissait librement sa femelle.
Les machines avaient supprimé tout labeur ;
Les champs se cultivaient tout seuls, à la vapeur.
Puis un ordre écrasant, dont nul couvent n’approche :
Repas, sommeil, amour, tout au son de la cloche.
Que sais-je ? L’idéal enfin qu’imaginait
Ce furieux, soudain redevenu benêt,
C’était de ployer tout, cités, hameaux, campagne,
Hommes, femmes, enfants, sous le niveau du bagne.
Mais je n’écoutais plus ce dément qu’a moitié,
Et je sortis, levant l’épaule de pitié.

Oh ! l’admirable nuit dans la clarté stellaire !
Le Chariot, guidé par l’Étoile Polaire,
Flamboyait dans le ciel d’un azur ravissant ;
Le Chemin de Saint-Jacque était éblouissant,