Page:Coppée - Œuvres complètes, Prose, t1, 1892.djvu/43

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des dents si blanches, le jetait dans un trouble qui tenait presque de la peur.

Cependant, songeant qu’il avait déjà montré bien peu d’empressement, et que plus il tarderait moins il serait bien reçu, un jour il sortit de son bureau d’assez bonne heure et se dirigea vers le faubourg Saint-Jacques.

Comme tout poltron allant à un danger, il avait pris par le plus long, et il ralentissait le pas en se rapprochant du but.

Sur le boulevard Montparnasse, il resta cinq minutes devant la boutique d’un marchand de bric-à-brac, examinant un portrait lithographié du général Athalin, ancien chevalier d’honneur de M""" Adélaïde. Pour ne pas penser à la démarche qu’il allait faire, il s’absorbait dans la contemplation de ce militaire, évoquant l’époque bourgeoise de Louis-Philippe et se rappelant toutes les gravures de l’époque qu’il avait vues : le roi tenant à la main un chapeau gris, la reine avec des repentis à l’anglaise, les princes en uniformes d’une coupe surannée, et M. Guizot à la tribune, la main dans son habit.

Au coin du boulevard d’Enfer, où se tenait ce jour-là le marché aux chevaux et où des gamins