Page:Coppée - Œuvres complètes, Prose, t1, 1892.djvu/44

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conduisaient des attelages de percherons blancs, un bouquet de paille à la queue, il s’arrêta de nouveau pour regarder, devant la porte d’un cabaret, deux maquignons en blouses bleues trop longues et en casquettes ballonnées, en train de discuter le prix d’une rosse macabre et fléchissant des genoux de devant, que l’un d’eux tenait par une courroie.

Sur la place de l’Observatoire, il flâna encore autour des saltimbanques.

Puis soudain, après tout ce temps perdu et toujours selon la logique des poltrons, il se mit presque à courir et s’arrêta net dans le faubourg, devant ce terrible numéro 17 dont les deux chiffres lui étaient apparus, en caractères de feu, dans ses rêves des nuits précédentes.

C’était une vieille et étroite maison, fraîchement recrépi eet enduite d’un affreux badigeon jaunâtre. Elle n’avait que trois étages, mais très élevés, et seulement deux fenêtres de façade. Tout en haut, sur le toit de tuiles, s’ouvrait une mansarde de grenier, avec une potence en fer et une poulie qui pendait. En bas, à côté de la porte bâtarde, qui donnait accès sur une allée très sombre, était une boutique de crémerie, offrant, dans sa devanture, l’inévitable pyramide de morceaux de sucre entre