Page:Coppée - Œuvres complètes, Prose, t3, 1890.djvu/22

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gros souliers de chasse, elle arrangeant la gerbe de fleurs des champs qu’elle voulait rapporter à Paris. Puis, ils étaient remontés dans leur chambre, où ils avaient fourbancé quelque temps, en riant d’entendre, dans la salle basse, traîner la jambe boiteuse de l’aubergiste, qui fermait ses volets. Enfin tout s’était tu ; la pluie avait cessé, et ils s’étaient sentis tout à coup environnés par le grand silence et la profonde solitude de la campagne nocturne.
Sans rien dire, elle prit l'unique bougeoir, le posa sur la cheminée, devant la glace sombre et tachée par les mouches, et elle commença sa toilette de nuit. Lui, plongé au fond du grand fauteuil, les jambes croisées, la regardait, tout engourdi de bonheur et de fatigue.
Elle avait retiré sa robe et son jupon, et, gardant seulement son corset de satin noir qui étreignait sa taille mince, elle levait gracieusement, pour tordre son chignon, ses bras un peu grêles au-dessus de sa tête, quand elle vit dans la glace son amant qui lui souriait, et elle lui rendit son sourire.
Comme il l’aimait, dans ce moment-là ! Comme il l’aimait bien ! Sans désirs. Deux nuits d’ivresse les avaient éteints. Mais il était plus tendre encore