Page:Coppée - Œuvres complètes, Prose, t3, 1890.djvu/297

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— J’étais de cœur avec vous dans votre douleur, lui dit-il, vous n’en doutez pas.

Rien de plus sur ce pénible sujet. Il a la délicatesse de comprendre qu’elle serait choquée par des doléances hypocrites. Il s’informe alors d’Armand, et sa voix devient amicale quand il prononce le nom de l’enfant.

Mais comme l’entretien languit, coupé de silences :

— Je venais aussi, madame, dit le colonel avec un peu d’hésitation, vous demander un conseil.

— Un conseil ? A moi ?... Et lequel ?

— Avant votre deuil, j’avais l’intention de retourner en Algérie. Je voulais m’éloigner, j’avais une peine intime... Or, à présent, le nouveau ministre de la guerre m’offre de faire partie de son état-major, de rester à Paris... Le chagrin qui me poussait à fuir n’existe plus, ou du moins il n’est plus sans espoir... J’hésite... Dois-je rester, ou partir ? Je le demande simplement, franchement, à votre amitié.

Mme Bernard a compris. Sous cette forme à peine voilée, le colonel lui demande s’il peut attendre la récompense de sa silencieuse fidélité.