Page:Coppée - Œuvres complètes, Prose, t3, 1890.djvu/305

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ressources, d’aider une tante très âgée chez qui elle demeurait. Mme Bernard fut séduite au premier abord par cette jolie enfant, si gracieuse, si décente, et s’habillant avec le goût instinctif des fillettes de Paris, qui vous ont tout de suite l’air d’une dame dans une robe à vingt sous le mètre, chiffonnée de leurs mains industrieuses. L’ouvrière fut aussi prise en amitié par Léontine, la vieille femme de charge, qui fit sur elle, à sa maîtresse, les rapports les plus favorables.

— Cette pauvre petite ! disait-elle à Mme Bernard. Ça vous arrive à pied, du fond de Vaugirard, dès huit heures du matin, et à jeun encore. Je lui donne son café au lait, et bien vite elle s’installe au petit salon, dans l’embrasure de la fenêtre, tranquille comme Baptiste, sans faire plus de bruit qu’une souris. Ah ! c’est mam’zelle Silencieuse ! Toute la journée, elle tire son aiguille. Et je te couds, et je te couds... Jolie avec ça. Madame a remarqué ses beaux cheveux blonds... Et une taille à tenir dans les deux mains... Comme Madame me l’a permis, je lui apporte ses repas sur un guéridon. Car Madame a bien raison : pour une jeunesse, ça