Page:Coppée - Œuvres complètes, Prose, t3, 1890.djvu/316

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mère vers quatre heures et était allé se promener au hasard.

Une fois dehors, malgré l’air tiède et l’éclatante lumière, il se sentit affreusement triste. Il enviait tout le petit monde qui passait par couples, avec un air de fête. Quel Parisien, dans les heures troublées de la prime jeunesse, n’a pas connu ces flâneries épuisantes, cette sensation si douloureuse de solitude et d’angoisse au milieu de la foule ?

Il remonta, en traînant ses pas, toute la rue des Saints-Pères jusqu’au bout, tourna à droite par la rue de Sèvres, dépassa le square planté de platanes, les devantures fermées du Bon Marché, et continua son chemin sur le spacieux trottoir qui longe le vieux mur de l’hôpital Laënnec. A cette heure-là, le dimanche, en été, cette large rue du faubourg clérical est à peu près déserte. Les boutiques d’objets de piété sont closes. Les dévotes et les bandes d’orphelines sont déjà revenues des vêpres. Quelques rares passants, ouvriers et petits bourgeois endimanchés. Ça et là, deux pioupious gantés de blanc, la soutane noire d’un prêtre qui se hâte. C’est tout. Et de dix minutes en dix minutes, au milieu de la chaussée, l’omnibus