Page:Coppée - Œuvres complètes, Prose, t3, 1890.djvu/315

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

elle sentait une force mystérieuse, irrésistible, qui la soulevait, qui la poussait dans les bras d’Armand. Déjà, elle se reprochait de ne pas lui faire les premières avances. Elle le voyait si timide, elle aurait voulu l’encourager. Mais elle ne pouvait vaincre un reste obstiné de pudeur. C’eût été si facile pourtant de répondre au regard d’Armand par un regard, à son sourire par un sourire. La sotte ! Maintenant, quand il passait près d’elle, elle n’avait même plus le courage de lever la tête. De sorte que les jours et les jours s’écoulaient sans que le jeune homme adoré se doutât qu’il le fût, et sans que ce maladroit Daphnis comprît qu’il était attendu comme Jupiter.


VI.

Mais la catastrophe était inévitable.

Par un beau dimanche,— on était à la fin du mois de mai,— par un dimanche de ciel bleu, de soleil et de robes claires, Armand, qui devait dîner chez un de ses camarades, avait pris congé de sa