Page:Coppée - Œuvres complètes, Prose, t3, 1890.djvu/319

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bouche sèche, un battement de sang aux deux tempes, cherchait vainement quelque chose à dire.

— Et alors, mademoiselle... à présent... vous allez vous promener ?

— Oh ! mon Dieu, non, monsieur. Je vais rentrer tout doucement à la maison, faire mon petit dîner... Allez ! ce ne sera pas long... Et puis on se couchera de bonne heure. Il faut que je sois levée à sept heures du matin, vous savez bien.

Armand frémit à la pensée qu’elle allait le quitter, s’éloigner, n’être plus là. Un projet, d’une audace énorme de sa part, lui traversa la pensée ; et, tout en balbutiant, pris de l’héroïsme des poltrons :

— Vous me disiez tout à l’heure, mademoiselle, que c’était bien triste pour vous de passer la soirée toute seule. Eh bien, puisque vous êtes libre... si vous vouliez me faire un grand plaisir... oh ! mais, je vous assure, un très grand plaisir... vous viendriez... dîner avec moi.

Henriette eut un étourdissement de surprise et de joie. Elle croyait rêver. Le conte de fée continuait.

— Comment ! vous voudriez, monsieur Armand ?...— et