Page:Coppée - Œuvres complètes, Prose, t3, 1890.djvu/330

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l’étreindre, le respirer comme un bouquet. Elle se contraignit longtemps ; mais enfin, n’y tenant plus, après s’être assurée, par un regard circulaire dans l’ombre, que personne, parmi le défilé des voitures, ne les observait, Henriette posa silencieusement ses lèvres sur les lèvres du jeune homme, et les deux amants, inaperçus dans la foule nocturne, échangèrent leur premier baiser sous la solennelle rêverie des étoiles.


VIII.

Ce soir-là, Armand ne rentra chez sa mère que bien après minuit.

Il revint du fond de Vaugirard, enivré de son premier triomphe d’amour, et, par la claire nuit de mai, ses pas victorieux éveillaient les échos des rues silencieuses.

L’inoubliable soirée ! Il était encore, par le souvenir, confondu de son audace. Était-ce bien lui qui avait osé demander à Henriette de