Page:Coppée - Œuvres complètes, Prose, t3, 1890.djvu/331

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monter chez elle ? Était-ce bien lui qu’elle avait guidé, en le tenant par la main, à travers l’escalier ténébreux ?

Oh ! ce logis, il ne l’oublierait jamais. Elles étaient pourtant bien pauvres, les deux chambres au quatrième étage. Bien laide, cette salle à manger exiguë, qu’encombraient un poêle à tuyau coudé, une table ronde, une machine à coudre et le lit-canapé, replié dans un coin, de la vieille tante absente. Bien misérable aussi, le réduit de la grisette, où deux images coloriées,— Gambetta et Garibaldi,— souvenir des opinions politiques du défunt père, faisaient bon ménage avec le crucifix de cuivre et le rameau de buis flétri, suspendus au-dessus de l’étroite couchette.

Mais, dans ce taudis de misère, Armand avait vu s’ouvrir pour lui un paradis inconnu. Il en sortait ; il vibrait encore du mystère révélé, et il emportait dans ses vêtements, sur ses mains, dans sa barbe naissante, le voluptueux parfum de cette jeune femme amoureuse, qui, tout à l’heure, dans un charmant désordre, les yeux brillants de bonheur et de larmes, l’enlaçait sur le seuil pour le retenir un dernier