Page:Coppée - Œuvres complètes, Prose, t3, 1890.djvu/333

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lui aussi, chez ses parents. Mais c’était un fils trop chéri, à qui l’indulgence maternelle laissait toute liberté, et qui, naturellement, en abusait. Déjà répandu au quartier Latin, il fumait d’innombrables cigarettes, faisait des vers selon la dernière formule décadente, paraissait à Bullier le « jour chic », était même fameux dans plusieurs tavernes style Louis XIII où des femmes trop bruyantes servaient d’exécrable bière ; et, quoiqu’il fût bien élevé et sût garder, quand il le fallait, le ton de la bonne compagnie, il avait tout d’abord éveillé chez Mme Bernard des Vignes une méfiance instinctive, et souvent elle avait dit à son fils :

— Je ne l’aime pas beaucoup, ton ami... Il m’a tout l’air d’un mauvais sujet.

Dès le lendemain de son aventure, Armand courut chez Théodore Verdier, et le trouva en train de chercher, dans le dictionnaire, une quatrième rime en « erbe » pour un sonnet inflammatoire, destiné à rendre rêveuse une forte brune du nom de Flo, — abréviation de Florestine, — laquelle embellissait, pour le quart d’heure, une petite brasserie de la rue Monsieur-