Page:Coppée - Œuvres complètes, Prose, t3, 1890.djvu/347

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était bon, l’aimait, malgré tout. Quand même il aurait un petit sentiment pour cette Henriette, cela ne pouvait durer. D’ailleurs, jamais elle n’admettrait qu’Armand eût été le premier amant de cette fille. Une ouvrière en journées, allant où elle veut, sortant quand elle veut ! A Paris ! Allons donc ! Son fils se lasserait vite d’une pareille liaison. Les goûts, les habitudes de cette faubourienne le choqueraient tôt ou tard.

Qui sait ? C’est peut-être déjà fait. Et puis, n’est-il pas capable de sacrifier ce caprice au repos de sa mère ? Mais oui, cent fois oui ! Peut-être y songe-t-il déjà ? Peut-être, tandis qu’elle se désole, est-il encore là, à deux pas d’elle, dévoré de regrets, le pauvre enfant ! et prêt à promettre, à jurer que c’est bien fini ?

Grisée de cette subite espérance, elle retourne, elle court à son boudoir. Armand n’y est plus. Et comme le domestique arrive, apportant les journaux du soir :

— Monsieur Armand est donc sorti ? demande-t-elle, espérant qu’on lui dira non, qu’il est encore à la maison, qu’il vient de rentrer dans sa chambre.

— Oui, madame, lui répond la voix froide du