Page:Coppée - Œuvres complètes, Théâtre, t1, 1892.djvu/17

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Un paysage lunaire. À droite, une élégante maison de plaisance bâtie sur une terrasse qui descend, par une rampe en pente douce, sur le devant du théâtre. Au pied du mur de la terrasse, un vieux banc. Au fond du décor, Florence vaguement aperçue. Le ciel est plein d’étoiles.

Scène première

SILVIA, seule

Silvia, en déshabillé blanc, est accoudée sur la rampe de pierre sculptée de la terrasse & contemple, rêveuse, le paysage.

Que l’amour soit maudit ! Je ne puis plus pleurer.

         Elle descend lentement la pente douce.

J’ai passé ma jeunesse à me faire adorer, Je suis la froide & méchante souveraine. Tous, ils baisent ma main comme une main de reine, Humbles, sans que jamais, par un frisson vainqueur, La chaleur du baiser m’ait monté jusqu’au cœur. Qui le croirait pourtant ? La Silvia s’ennuie. Et toujours cet azur banal ! Deux mois sans pluie !