Page:Coppée - Œuvres complètes, Théâtre, t1, 1892.djvu/21

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archant,
On chante, & l’on oublie, en chantant, la fatigue.
Vivent les nuits d’été, quand le ciel est prodigue
De clartés & que l’astre au regard presque humain
Vous sourit à travers les arbres du chemin !
Vivent les nuits de juin, & vive l’espérance !
M’y voici. Dès demain je saurai si Florence
Aime toujours le luth & les chansons d’amour.
Mais nous sommes encor bien loin du petit jour ;
Et quand on est ainsi vêtu de vieille serge
Montrant sa guitare.
Et qu’on porte ceci sur l’épaule, l’auberge
Est sourde au poing qui frappe, & s’ouvre avec ennui.
Où pourrais-je donc bien me coucher aujourd’hui ?
Il aperçoit le banc.
Ce vieux banc ? Oui. C’est dur. Mais la nuit est si douce !
Et puis je les connais, les oreillers de mousse :
On y dort, & si l’on a froid dans son sommeil,
Le matin on se chauffe, en dansant, au soleil.
Il se dispose à dormir sur le banc.
C’est égal, on est mieux entre deux draps de toile.
Cette nuit, je te prends pour gîte, ô belle étoile,
Auberge du bon Dieu qui fait toujours crédit.
Il s’étend sur le banc, à demi caché dans son manteau, & ferme les yeux.