Page:Coppée - Œuvres complètes, Théâtre, t1, 1892.djvu/22

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SILVIA, regardant du haut de la terrasse.

Pauvre enfant ! C’est qu’il va faire comme il le dit.
Et moi qui me plaignais que la nuit fût si belle !
Comme je suis méchante !
Elle descend rapidement la pente.
                                         Il faut que je l’appelle,
Car je manque au devoir de l’hospitalité.
On est ainsi pourtant : on se plaint de l’été
Parce qu’on est en proie à la mélancolie ;
On voudrait que la nuit fût sombre, & l’on oublie
Tous ces pauvres errants que le sort négligea,
Et qui n’ont pas d’abri.
Regardant Zanetto endormi.
                                   Mais c’est qu’il dort déjà !
Pauvre petit ! il a sans doute l’habitude.
Mais quoi donc ? Ce silence & cette solitude,
Cette nuit parfumée & cet enfant qui dort
Me troublent. On dirait que mon cœur bat plus fort
Et qu’une émotion nouvelle le soulève.
Ah ! je suis folle !
Regardant Zanetto de plus près.
                                   Hélas ! il ressemble à mon rêve.