Page:Coppée - Œuvres complètes, Théâtre, t1, 1892.djvu/39

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SILVIA, très sombre.
Ami, votre soupçon vous trompe étrangement.
Je ne regrette pas de frère ni d’amant,
Et mon émotion est bien plus naturelle.
Je connais la Silvie & j’éprouve pour elle
De la pitié, sachant qu’elle est, en vérité,
Capable d’un moment de générosité
Envers celui que son innocence protège ;
Mais au cruel désir de marcher sur la neige
Pourrait-elle longtemps résister ? C’est moins sûr,
Car, au fond, elle hait le naïf & le pur.
Partez donc, & croyez que seul ici mon zèle
Me fait vous conseiller de n’aller pas chez elle.
En vous le prescrivant, j’accomplis un devoir.
Éloignez-vous. Partez.
Avec une douleur contenue.
                                   Vous ne pouvez savoir
Combien il m’est pénible & combien il me coûte,
Enfant, de détourner vos pas de cette route.
Vous ne pouvez comprendre, & je le veux ainsi ;
Mais je mérite bien qu’on me dise merci.
À part
C’est fini. Mais hélas ! s’il m’avait devinée !