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Page:Coppée - Œuvres complètes, Théâtre, t1, 1892.djvu/40

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ZANETTO.
Je n’irai pas. C’est vous qui l’avez condamnée.
Je partirai, trouvant peut-être moins heureux
Aujourd’hui qu’autrefois mon sort aventureux ;
Car ici j’ai compris tout le charme indicible
D’un repos qui pour moi sans doute est impossible.
Mais j’emporte pourtant comme un bonheur confus ;
Quelque chose de tendre était dans vos refus.
N’emporterai-je rien de plus qui me rappelle
Que, si vous dûtes être à mon souhait rebelle,
Vous en aviez au cœur quelque chagrin secret
Et que vous avez dit le doux mot de regret ?

SILVIA, vivement & lui offrant une de ses bagues.
Oh ! certes, & gardez, pour qu’il vous en souvienne,
Cet anneau...

ZANETTO, avec un geste de refus.
                     Non, madame. Il est de forme ancienne
Et rare, en or massif, orné d’un diamant
Énorme. Je ne puis accepter. Non, vraiment.
Merci ! ― N’êtes-vous pas, madame, pauvre & veuve ?

SILVIA, à part.
M’aurait-il reconnue, & serait-ce une épreuve ?