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LA
MAISON DE MOLIÈRE

poésie

Jadis, quand à travers le Maine et la Bretagne
Il traînait après lui ses acteurs de campagne,
Plus d’une fois, surpris en plein champ par le soir,
Molière a dû frapper aux portes d’un manoir ;
Et là, passant suspect, voyageur qui dérange,
Peut-être a-t-il parfois dû coucher dans la grange
Qu’ouvrait en maugréant quelque insolent valet.
Seul, le sublime fils du grand Shakspeare, Hamlet,
Aurait vu sur ce front la marque souveraine ;
Seul, il eût fait accueil à la troupe foraine
En leur disant à tous, avec beaucoup d’honneur :
« Soyez les bienvenus, messieurs, dans Elseneur ! »
Les temps sont bien changés ; et Molière, à cette heure ,
Donne asile en sa grande et célèbre demeure
Aux maîtres du passé comme aux maîtres présents :
Aujourd’hui même elle est vieille de deux cents ans.