Page:Coppée - Œuvres complètes, Théâtre, t2, 1892.djvu/165

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Mais il n’est pas jaloux. Il reçoit dans ce temple
Tous ceux pour qui son œuvre est l’éternel exemple ;
Et quand Louis Quatorze autrefois ordonna
Qu’avec Tartuffe on pût jouer Phèdre on Cinna,
Et que l’on réunit pour la même besogne
La maison de Molière à l’hôtel de Bourgogne,
Son ombre fut heureuse, elle tendit les mains
Au plus tendre des Grecs, au plus fier des Romains ;
Et, par notre immortel Molière présidée,
La grande trinité classique était fondée !

Aussi c’est, protégés par ces trois noms égaux,
Que, depuis lors, Regnard, Voltaire, Marivaux,
Le Sage, Beaumarchais, Sedaine, et tant de maîtres
Qui restent grands encore après de tels ancêtres
Et dont le vieux logis conserve, hospitalier,
L’œuvre sur le théâtre et le buste au foyer,
Éloquents prosateurs, poètes pathétiques,
Se sont transmis, ainsi que les coureurs antiques,
La tradition sainte et le flambeau sacré
De l’Idéal par qui le monde est éclairé !

Vous pouvez être fiers, ô classiques de marbre !
Car votre œuvre grandit toujours comme un vieil arbre
Qui, lorsque vient l’avril, pousse dans tous les sens