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POUR LA COURONNE.

Et quiconque une fois m’a déplu s’en repent. Enlacé dans mes bras, tu dis parfois : « Serpent ! » Serpent, soit. Mais le souple et venimeux reptile, En certains cas, est plus que le grand fauve, utile. Parfois ton rude bras n’aura pas à frapper ; Je puis mordre pour toi, pour toi je puis ramper… Serpent, soit ! mais pareil à ce python d’Asie Qu’un nègre fait danser selon sa fantaisie, Et qui revient toujours, esclave familier. Pendre au cou du jongleur son doux et froid collier.

MICHEL.

Je t’aime, Bazilide, ô charmeuse, ô sirène ! Si je veux être roi, c’est pour que tu sois reine… Comme je suis changé, pourtant, et ce que c’est Que de nous ! Car la gloire, hélas ! me suffisait ; Jamais je ne rêvai couronne ni royaume… Mais tu vins et tu mis dans cette rude paume. En fixant sur mes yeux tes yeux énamourants, Ta petite main pâle aux ongles transparents. Puis dans nos belles nuits d’amour, nuits où l’on veille, Tu murmuras le mot fatal à mon oreille… Être roi ! Le désir cruel m’avait mordu… Il peut me perdre !… Soit, je veux être perdu !