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ACTE I, SCÈNE III. 195


Je t’aime! La saveur de ta chair jeune et chaude
Dans les combats, autour de moi, circule et rôde.
Dans Tâcre odeur du sang je ne puis oublier
L’odeur que tes cheveux laissent sur l’oreiller!
Je t’adore, vois-tu! Commande, exige, ordonne!
Si la route qui doit mener à la couronne
Est obscure et fangeuse, eh bien, prends-moi la main,
Et je te conduirai jusqu’au bout du chemin,
Fallût-il, pour ne pas t’y voir faire la moue,
Étendre sous tes pas mes drapeaux dans la boue !

Acclamations au dehors.

Mais ce bruit? Si c’était enfin mon messager!...

Nouveaux cris. Constantin Brancomir entre au fond par la porte monumentale, entouré de soldats qui l’acclament. Ses vêtements portent les traces d’un combat, et il brandit dans sa main droite trois étendards turcs. Derrière lui paraissent, en- chaînés et gardés, un chef turc, blessé, qui porte le turban vert des hadjis, et une jeune femme, Militza, en costume oriental, avec un collier de piastres. A droite et à gauche entrent aussi, attirés par les acclamations, d’autres soldats ; parmi eux Ourosch, Lazare et Benko le musicien.