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Page:Coppée - Œuvres complètes, Théâtre, t4, 1899.djvu/46

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Toutes les « étoiles » n’ont pas le « ballon » noble ; et l’on peut faire les pointes comme on déclamerait le récit de Théramène. Aujourd’hui que la Mauri a vaincu, et depuis longtemps, toutes les résistances, nous pouvons avouer que le caractère de son talent est ardent et sensuel. Pour l’auteur du libretto, toujours oisif à l’avant-scène, c’était un charme — mais un charme dangereux — de voir chaque jour, de si près, danser cette délicieuse femme, alors dans tout l’éclat de la jeunesse. Avec tout Paris pour rival, je fus très amoureux — en secret et en silence — de Mlle Mauri, pendant les répétitions de notre ballet. Tandis que Mérante criait ses commandements et que Widor écrasait le clavier du piano, moi, assis à côté d’eux, je n’avais rien de mieux à faire que de contempler, nouveau saint Antoine, cette tentation ravissante. L’aimable artiste me pardonnera, je l’espère, cet aveu rétrospectif et relira, peut-être, en souriant, le madrigal écrit sur la brochure du livret que je lui offris, le soir de la « première » :

Attiré par le feu, grisé par le rayon, Le papillon tournoie et se grille à la flamme; Mais, lorsque vous dansez, Rosita, c’est notre âme Qui roltige et se brûle autour du papillon.

Je pourrais encore raconter plus d’un détail amusant de mon passage dans les coulisses de l’Opéra. Mais je n’ai fait que les traverser, et mes observations y furent